Une excursion qui, avec quelques vicissitudes, est bien terminée.

jeu 19.03.1959 - dim 22.03.1959

Nous sommes partis du Jungfraujoch le jeudi 19.03.1059 pour passer la nuit à la Hollandiahütte. Nous étions 13, donc 2 adultes: Charly Mischler et M.Berchtold. Arrivés près de la cabane, Charly nous à demandé d’attendre. Il allait gravir les derniers mètres à pied, skis sur le sac. Il a commencé à monter et soudain il ne restait que le sac avec les skis attachés en croix sur le sac. Charly avait disparu dans la crevasse. Nous nous sommes tous encordés et avons mis en place un système pour assurer un des nôtres et le faire descendre dans la crevasse. Il a trouvé Charly inconscient sur un replat, à une dizaine de mètres. Une 2ème corde à été descendue qui a permis d’attacher Charly. Après de gros efforts nous avons réussi à le ramener à la cabane au moyen d’un brancard qui s’y trouvait. Ensuite nous l’avons réchauffé et enfin ranimé. Il n’avait pas de blessures. Seulement quelques contusions. La cabane n’avait pas de bois. Kein Holz gefunden était la remarque laissée dans le livre de cabane par les précédents visiteurs. Il a fallu brûler ce que nous trouvions pour entretenir le feu. Le lendemain nous avons pu repartir pour la Konkordiahütte. Charly avait récupéré. La photo montre l’état des lieux photographié le lendemain matin au moment du départ. La suite de la randonnée s’est bien passée.

Récit de Jean-Louis S.


1786 La première du Mt.Blanc

1786: L’oublié du Mont-Blanc

Il y a 250 ans Michel Paccard était avec Jacques Balmat lors de la première ascension. Son rôle fut minimisé

«Personne n’y est jamais allé?» «Vous n’y pensez pas, Monseigneur », ce sont de mauvaises montagnes ! En 1760, le jeune Horace-Bénédict de Saussure, 20 ? ans, séjourne dans la haute vallée de l’Arve, qu’il a remontée depuis sa Genève natale. 

L’étudiant de bonne famille s’y est découvert une passion pour la masse blanche et inviolée qui bouche l’horizon vertical, comme en témoigne ce dialogue avec le guide Pierre Simond, rapporté par Yves Ballu (A la conquête du Mont-Blanc, Éditions Gallimard). De Saussure se dit que son ascension doit être possible. Une obsession, sinon un destin, est née.

 Le Mont-Blanc ne s’appelle pas encore ainsi. On le surnomme «La montagne maudite», un qualificatif qui désigne toujours aujourd’hui le sommet secondaire du plus haut massif d’Europe occidentale. De Saussure s’investit dans la recherche scientifique: botanique, géologie, physique, géographie, philosophie (il est nommé professeur à l’Académie de Genève à 22 ans ? sa passion pour la montagne se décline à travers ses travaux. De ses nombreuses pérégrinations alpines, il tirera quatre volumes des Voyages dans les Alpes, somme d’observations et de récits.

Forte récompense

Le Genevois propose, par le biais d’une déclaration qu’il fait afficher sur la porte des églises de la vallée, une forte récompense à quiconque atteindra le Mont-Blanc. Au début, on ne se bouscule pas pour ce trophée. En 1762, Simond fait une tentative, vite avortée. 

Il faut attendre treize ans pour voir la première véritable expédition, menée par quatre Chamoniards, qui parviennent à 4000? mètres. En septembre 1775, un étudiant en médecine de l’Université de Turin, Michel-Gabriel Paccard, s’y met à son tour, sans réussite. Huit ans s’écoulent encore, les tentatives reprennent. Paccard explore de nouvelles voies d’accès, prometteuses. Il faut trouver un chemin malgré le matériel rudimentaire, alpenstock (long bâton) et chaussures à clous.

Un homme est persuadé de réussir: Jacques Balmat. Chasseur et cristallier, il a approché le sommet lors de précédentes ascensions. Balmat demande à Paccard, revenu à Chamonix, de soigner sa fille, Judith, gravement malade. 

A l’assaut du Mont-Blanc
Après l’auscultation, les deux hommes discutent Mont-Blanc, et se décident à tenter l’aventure. Le 7 août 1786, ils grimpent de nuit, par le Grand-Plateau et les Rochers-Rouges. Une ascension interminable, mais couronnée de succès: à 18:12 hr, le 8 août, le baron allemand von Gesdorf les identifie au sommet, à travers sa lunette, depuis Chamonix.

De retour dans la vallée, les choses se gâtent. Le bébé de Balmat est mort, mais c’est Paccard qui a les yeux rougis, aveuglés par la réverbération du soleil. Et pendant que le cristallier cumule les honneurs, encaisse la prime promise par de Saussure et fanfaronne, Paccard est calomnié et discrédité, en grande partie par l’écrivain genevois Marc-Théodore Bourrit, jaloux de son succès, qui décrit la bravoure de Balmat et la couardise de Paccard, puis désigne au prince de Sardaigne Balmat comme seul vainqueur du Mont-Blanc – ce qui vaut au cristallier une somme d’argent et le surnom «officiel» de «Jacques Balmat dit Mont-Blanc».

Relégué au rang de comparse
Alors qu’il a planifié depuis longtemps cette ascension et qu’il en a été le moteur et l’initiateur, le médecin est relégué, au mieux, au rang de comparse. Il fait signer devant témoins une déclaration à Balmat, dans laquelle le chasseur reconnaît que c’est Paccard qui a choisi l’itinéraire et qui est arrivé en premier au sommet. Rien n’y fait, la légende est née. De rage, Paccard refuse obstinément de raconter son aventure. Il meurt en 1827, non sans avoir enfin précisé son rôle dans une lettre à l’éditeur suisse Johann Gottfried Ebel.

 

Mais, dans la vallée de l’Arve, on l’oublie, on l’ignore: la statue que Chamonix érige à la gloire des vainqueurs du Mont-Blanc met en scène Jacques Balmat montrant du doigt le sommet à Horace-Bénédict de Saussure (les deux l’atteindront ensemble en 1787). Michel-Gabriel Paccard ne retrouvera (partiellement) sa vraie place dans l’histoire de l’alpinisme qu’après les travaux des historiens suisse Heinrich Dübi (1913) et britanniques Gavin de Beer et Thomas Graham Brown (1957). En 1986, pour le bicentenaire de cette première, Chamonix rend hommage à Michel-Gabriel Paccard. Il en faudrait bien plus pour lui rendre justice.

SourcesDictionnaire encyclopédique des Alpes, Ed. Glénat : « Les grandes aventures de l’alpinisme », Stefano Ardito, Ed. White Star. (24 heures) Créé: 05.02.2012

Archives d’Edouard Sommer.

Destination : rubrique « récits d’antan » du CAS Sierre.                                                                             31-12-2024